jeudi 30 mai 2019

LE GRAND MEAULNES


Entre deux eaux surnagent nos souvenirs, qu'une  odeur, un goût, une phrase, un film sauvent de la noyade.  J'avais vu l'adaptation du Grand Meaulnes lors de sa sortie en 1967 et en gardais quelques images -floues comme la fête du domaine mystérieux. Saut dans le passé: la fraicheur de Brigitte Fossey et la fièvre de Jean Blaise sont toujours intactes dans cet opus un peu kitsch mais fidèle au livre. Le metteur en scène (J.G Alibicocco) et la soeur de Fournier (I. Rivière) auront préservé l'esprit romanesque: adieu à l'adolescence,  amour idéalisé, serment d'amitié, découvertes, émois... entre terre battue de cour d'école et manoir envahi par les ronces, entre lacs et forêts du Berry, entre songes et ciel bas de Sologne. Le livre parait en 1913 . Malgré un vif succès Fournier échappe au Goncourt mais pas à la mort  (un mois après son ami Péguy) en septembre14 - La guerre ne fait pas de cadeau. Sa disparition  prématurée à 27 ans aura contribué au succès de son unique roman, unique comme l' écriture simple et Hermétique. Le temps d'une escapade, redevenus soudain adolescents à l'âge magique de la lecture, écartons les branches enchevêtrées de notre histoire, pour n'être plus qu'un : Augustin Meaulnes/Yvonne de Galais. Rébis à deux têtes, gouttes de rosée dans la lumière blanche de nos rêves enfouis.