samedi 22 décembre 2018

DE LA CAVE AU GRENIER



Ceux qui n'ont pas emprunté dans leur enfance les marches conduisant à la cave ou au grenier d'une maison ancienne sont malchanceux. Bouteilles, barriques, toiles d'araignées, rats, cloportes, fatras du passé, malles, vieux papiers, mémoire et histoire familiale: tout est imprimé dans nos rétines et notre cerveau. Les objets, la lumière, l'humidité, l'architecture, les locataires n'y sont pas les mêmes. Les terreurs et les rêves non plus... En bas la terre, le feu et l'eau que les fondations, la pierre et l'inconscient soutiennent. On s'y terre. On s'y protège des dangers. On y abrite le bois, le vin, la chaudière, la buanderie. Munie d'une porte dérobée, voire de souterrains on peut s'en échapper. Munie d'anneaux et de grilles aux soupiraux on y reste prisonnier. On y enterre le corps gênant sous la terre - battue, elle aussi... 
En haut l'air, la poussière, l'obscurité ou la lumière possible que le bois de charpente, la couverture le conscient protègent des éléments. Le plancher craque. La chouette assiste à une furtive étreinte. La poutre attend la corde. La lune éclaire par la tabatière les histoires évanouies. Un jour un héritier impie procèdera au grand nettoyage. 
Sous les barres d'immeubles les caves labyrinthiques aux portes frappées de numéros serpentent. Elles doivent parler d'un autre imaginaire , d'un autre enfer, d'un  paradis disparu. Ailleurs la cave s'est faite garage ou cellier, on habite les greniers, mais ceci est une autre histoire...