jeudi 15 septembre 2016

LES SOUVENIRS




Il ne faut pas retourner sur les lieux que l'on a adoré. Pas plus sans doute qu'il ne faut quarante ans plus tard refaire des "cabrioles" avec le flirt de ses dix huit ans... Le chemin d'alors ne menant nulle part, route de l'enfer, le col, faille dans les écailles du monstre, lente descente vers le village statufié, les marches titanesques de calcaire comme un rideau de scène de géants - mène aujourd'hui quelque part. Le village abandonné d'Aragon, aux toitures crevées, au lugubre clocher, aux folles terrasses d'herbe jaune, a fait place à un village propret, restauré. La poésie, le mystère et sa population enfuie l'ont abandonné, remplacés par le silence, les volets et les portes closes,  celles des propriétaires absents. Restent le coup d'œil, les sangliers fugaces se risquant en plein jour sous les pommiers, l'aboiement du chien, un chat affamé et le vent qui emporte tout.