Quel chapitre étrange de notre histoire -1871- Après une guerre mal préparée contre la Prusse, une défaite sans appel, un Empereur déchu, le peuple de Paris refuse la capitulation et résiste à l'occupant. Six mois de siège derrière les fortifs de Thiers avec le froid, la faim, la mort, les rats et le canon qui tonne . Enflammé d'idéaux patriotiques, libertaires et pré-révolutionnaires, craignant le retour de la monarchie le petit peuple de Paris prend les armes contre la république bourgeoise des Versaillais, pressée de conclure l'armistice. La sans-culotterie de 1792 renait. Artisans, tailleurs de pierres, charpentiers, lavandières, couturières, marchands de vins, gardes nationaux, tanneurs, ouvriers du livre, petits patrons, chômeurs, maçons (Francs ! aussi parfois qui défilèrent avec leurs bannières et obtinrent une trêve) ... prennent les canons, dressent des barricades avec quelques intellectuels et artistes « rouges » à leur tête (dont le génial Courbet). On connait la suite : exactions des deux côtés, semaine sanglante, cimetière du Père Lachaise, mur des fédérés, répression sauvage... déportation. En deux mois et 10000 morts au tableau (?) l'affaire est pliée. Le rêve des «partageux», l'utopie des gagne-petits est noyée dans le sang qui teinte son drapeau rouge . Fin du projet -liberté, égalité, justice- de la Commune de Paris et des Communes de province. Les soldats-paysans versaillais triomphent des fédérés-ouvriers communards. Les grandes plumes de l'époque (Flaubert, Sand, Zola, Daudet, Goncourt, Littré, Leconte de Lisle n'ont pas de mots assez durs pour décrier ces « collets crasseux, déclassés, têtes de pions, traînards, incapables , assassins.... leurs femelles et la démocratie ». Seul Hugo s'en tire, malgré sa désapprobation par un élan de compassion envers les vaincus. Restent quelques noms. A gauche Proudhon, Blanqui, Vallès, Louise Michel, Le temps des cerises, Le cri du peuple, les poèmes de Rimbaud... A droite Mac-Mahon, Thiers, Gallifet, le Sacré Cœur (!) Dans les bibliothèques un roman de Zola, La Débacle . Dans les esprits l'Histoire et une évidence. Ces gars, ces filles étaient d'une autre trempe que nous. Rien à perdre, à part la vie. Nos combats individualistes, nos Nuits Debout, je n'ose dire nos rêves consuméristes d'enrichissement (ah! le dernier Samsung Galaxy. Nous voulons... des CDI , sur fond de retraite, de RTT, de pouvoir d'achat, de liberté mais de sécurité...) nos désirs solitaires de pavillon... même s'ils relèvent d'un désir de justice sociale, manquent de souffle, de poésie et peut être en définitive de jeunesse. Nostalgie du drame de la Commune, nostalgie du chemin vert qui serpentait près de la bastille (ah! le prix du m2 faubourg Saint-Antoine) nostalgie des gars au grand coeur et de leurs rêves de pauvres .... «J'aimerai toujours le temps des cerises et le souvenir que je garde au cœur...»
mardi 19 avril 2016
LA COMMUNE DE PARIS
Quel chapitre étrange de notre histoire -1871- Après une guerre mal préparée contre la Prusse, une défaite sans appel, un Empereur déchu, le peuple de Paris refuse la capitulation et résiste à l'occupant. Six mois de siège derrière les fortifs de Thiers avec le froid, la faim, la mort, les rats et le canon qui tonne . Enflammé d'idéaux patriotiques, libertaires et pré-révolutionnaires, craignant le retour de la monarchie le petit peuple de Paris prend les armes contre la république bourgeoise des Versaillais, pressée de conclure l'armistice. La sans-culotterie de 1792 renait. Artisans, tailleurs de pierres, charpentiers, lavandières, couturières, marchands de vins, gardes nationaux, tanneurs, ouvriers du livre, petits patrons, chômeurs, maçons (Francs ! aussi parfois qui défilèrent avec leurs bannières et obtinrent une trêve) ... prennent les canons, dressent des barricades avec quelques intellectuels et artistes « rouges » à leur tête (dont le génial Courbet). On connait la suite : exactions des deux côtés, semaine sanglante, cimetière du Père Lachaise, mur des fédérés, répression sauvage... déportation. En deux mois et 10000 morts au tableau (?) l'affaire est pliée. Le rêve des «partageux», l'utopie des gagne-petits est noyée dans le sang qui teinte son drapeau rouge . Fin du projet -liberté, égalité, justice- de la Commune de Paris et des Communes de province. Les soldats-paysans versaillais triomphent des fédérés-ouvriers communards. Les grandes plumes de l'époque (Flaubert, Sand, Zola, Daudet, Goncourt, Littré, Leconte de Lisle n'ont pas de mots assez durs pour décrier ces « collets crasseux, déclassés, têtes de pions, traînards, incapables , assassins.... leurs femelles et la démocratie ». Seul Hugo s'en tire, malgré sa désapprobation par un élan de compassion envers les vaincus. Restent quelques noms. A gauche Proudhon, Blanqui, Vallès, Louise Michel, Le temps des cerises, Le cri du peuple, les poèmes de Rimbaud... A droite Mac-Mahon, Thiers, Gallifet, le Sacré Cœur (!) Dans les bibliothèques un roman de Zola, La Débacle . Dans les esprits l'Histoire et une évidence. Ces gars, ces filles étaient d'une autre trempe que nous. Rien à perdre, à part la vie. Nos combats individualistes, nos Nuits Debout, je n'ose dire nos rêves consuméristes d'enrichissement (ah! le dernier Samsung Galaxy. Nous voulons... des CDI , sur fond de retraite, de RTT, de pouvoir d'achat, de liberté mais de sécurité...) nos désirs solitaires de pavillon... même s'ils relèvent d'un désir de justice sociale, manquent de souffle, de poésie et peut être en définitive de jeunesse. Nostalgie du drame de la Commune, nostalgie du chemin vert qui serpentait près de la bastille (ah! le prix du m2 faubourg Saint-Antoine) nostalgie des gars au grand coeur et de leurs rêves de pauvres .... «J'aimerai toujours le temps des cerises et le souvenir que je garde au cœur...»