jeudi 29 novembre 2018

LE HUSSARD SUR LE TOIT


/1832. Venu d'Asie le choléra sévit en France. Il rayonne depuis Paris et s'installe en Provence. Un jeune carbonaro italien, Angelo Pardi défie la maladie et la mort. Ses armes sont la fougue, l'innocence, l'énergie, l'esprit chevaleresque... et les toits de Manosque où menacé par la population il se réfugie quelques temps. En bas, les cadavres s'entassent sur les chariots. Angelo rencontre un chat puis Pauline de Théus dans une maison désertée. S'ensuit le "horse movie" vers des régions épargnées par l'épidémie, des deux jeunes amoureux fuyant les corbeaux porteurs du mal, l'eau souillée, les dragons, la violence villageoise, la terreur bourgeoise et la mort toujours présente.
/1883. Koch identifie le bacille qui ne porte pas son nom. Le choléra fait 100000 morts en 1830 et 140000 morts en 1855.
/1951. Giono publie le quatrième tome de ce qui devait être un décalogue. Son roman d'aventures s'inspire de la Chartreuse de Parme de Stendhal et son héros de Fabrice Del Dongo. Il ne veut pas de Gérard Philippe, jugé trop chétif dans une adaptation filmée.
/1995. Rappeneau porte à l'écran "Le Hussard" dans un bel opus classique. Binoche-Martinez interprètent les amoureux. 
/2006. Ce dernier incarne "L'Homme" pour Yves Saint-Laurent.
/2018. Le choléra... comme les dates c'est mortellement chiant .

mercredi 21 novembre 2018

HUGO EN TROIS ACTES





















-Acte 1
Côté tristesse le XIXème siècle est prodigue. Hugo enterre trois de ces cinq enfants. Léopoldine se noie, François Victor meurt de la tuberculose et Charles d'apoplexie. Adèle finit à l’asile.... Le drame se déroule.
-Acte 2
Côté sexe et sentiments la période est compliquée. Victor soulève les jupons et fait tourner les têtes, mais Adèle la mère, Juliette ou Léonie veulent la primauté. Les portes claquent... La comédie se joue.
-Acte 3
Côté politique le temps est riche en chambardements. Le dramaturge-royaliste vire romancier-républicain. Valjean envoie Hernani aux oubliettes et "Napoléon le Petit » expédie leur créateur à Guernesey… Hugo écrit et dessine. Le roman s'écrit.
Fin de la pièce et dénouement. L'ancien député voulant éradiquer la misère, devenu vieux, superstitieux, très riche et un poil grincheux convoque les esprits, fait tourner les tables, prie Dieu, insulte l’église et s’étant fait une gueule de patriarche - meurt. Le rideau tombe sur le commandeur. 
Déluge d’applaudissements. Le public est debout.

Conclusion personnelle: Pour rester dans l'imaginaire et le coeur d'un peuple mieux vaut défendre la justice sociale que la finance, être anti esclavagiste, plutôt anti-colonialiste, pour le suffrage universel, contre la peine de mort, républicain, laïc, aimer trop que pas assez, laisser si possible une oeuvre originale et soigner sa sortie... 


lundi 19 novembre 2018

LE CHEMIN DES DAMES






Quand j’étais enfant, mon père avait acheté en province la maison d’un ancien poilu, avec meubles, linges et effets. Je jouais avec sa vareuse mitée et son fusil cassé. A 8 ans j’entrevis que l’armistice de 1918 n’était pas si éloignée de ma naissance.  A Paris on croisait encore des gueules cassées vendant des billets de la Loterie Nationale.
Adolescent, je dévorais les vieux numéros de I'Illustration, Dorgelès, Barbusse ou Genevoix, Henri Bordeaux et la vie héroïque de Guynemer... Je collectionnais les baïonnettes, les épaulettes, les casques. J’étais d’un autre siècle. La fin glorieuse était une option. 
Vint la puberté et sa pulsion de vie. Le nouveau paquetage arriva: Mobylette, Echo des Savanes, poster de la page centrale de Lui, René Fallet et le fol espoir des filles... Mon Chemin des Dames prenait un tournant. Je laissais s’envoler les morts en bandes molletières ou en casque à pointe.*
Je les connais ces damnés de 130 ans, inutiles cadavres , tricolores trépanés. Je les aime mais ils ne font plus partie de ma fantasmagorie guerrière. La Loterie Nationale s'est faite Française des Jeux. La Der des Der a fait des petits... D’autres massacres ont eu lieu et d’autres viendront. Je me bats pour qu’ils n’adviennent pas avec mes plumes et mes encres. A chacun ses armes et son ciel de gloire.

* En réalité ils sont toujours là puisque j'écris aujourd'hui ce post...

samedi 17 novembre 2018

HFT





















On ne meurt pas toujours du concert... Ce soir, oubliez " la marée que vous avez dans le coeur qui vous remonte comme un signe " oubliez l'ombre de Ferré et le temps qui passe. Ne retenez que l'envie, le public, la fosse, les gradins, l'affection à vos côtés, le plaisir de l'autre, vos souvenirs, les lasers comme des tisonniers de lumière, les stridences des guitares... Invoquez un vieux rockeur/punk/fils de coupeur de mots, laissez-le offrir sa belle gueule de soixante dix ans, son univers, laissez hurler les instruments et vous aurez 20 ans à côté de votre fils qui en a déjà 30. Merci C... d'avoir eu cette idée et de m' avoir invité. Merci HFT* d'être âgé sans être vieux. Bercy for ce joint de bonheur.

* Pour les non initiés: Hubert Félix Thiéfaine    NDLR

lundi 12 novembre 2018

ATELIERS D'ARTISTES /2


Cette vérité devrait  troubler les peintres. Leurs palettes encrassées de peintures à huile pétrifiée sont  plus intéressantes que leurs oeuvres - Le hasard  oeuvrant plus surement que l'intention,  le morceau de bois coloré dénué d'ego s'accomplit dans une forme d'art. A côté, les boxes encombrés de tubes de couleurs, de pinceaux, de livres-papiers-cartons et de cafetières électriques proposent un ouvrage en cours sur le chevalet, la table ou le mur. C'est en général très mauvais, mélange  de propos inintelligible et de manque de technique. Pourtant, sur un pilier un tableau dérangeant et plastiquement digne d'intérêt attire le regard: c'est le tableau électrique qui dans un enchevêtrement de fils défie  toute norme... L'obscurité masque les formes. Dans un renfoncement de l'atelier une porte brille. Je l'ouvre. L'oeil  unique de la cuvette m'observe, encadré de deux pommettes crasseuses.  Cette oeuvre absolue m'assène ce que je pressentais déjà: Duchamp est mort depuis longtemps, depuis toujours, tué par ceux qui ont tout compris avant lui - les innombrables utilisateurs des lieux. Je referme ce sanctuaire.  Il est temps de partir. Deux vélos... Vitry-sur-Seine - Novembre. La nuit nous avale.



dimanche 11 novembre 2018

ATELIERS D'ARTISTES /1

Pour un artiste à Paris - plus qu'en province la difficulté est de trouver un atelier disponible, abordable financièrement et qui ne soit pas au diable Vauvert. Dans le Sud de la capitale et la banlieue dite rouge, bon nombre d'anciennes fabriques ont été transformées en ateliers. Exit les ouvriers, bonjour les artistes. Moyennant 250 euros par mois les peintres, sculpteurs, plasticiens disposent de 12 m2 dans un open space foutraque. Les espaces souvent forts, avec verrières, jardins, terrasses, grande hauteur, divisés en lots abritent autour d'un poêle à bois sculptural  le labeur (puisqu'ils n'y dorment pas) de ces nostalgiques du bateau lavoir. Chantonner "La Bohême" et s'entrevoir Picasso, Juan Gris ou Van Dongen a un prix, qu'ils paient en s'inventant ce petit phalanstère de l'art, rêvant sans doute de lendemains radieux. Un seul à l'évidence s'en sortira par sa plume et ses pinceaux, les autres iront rejoindre le long cortège des vies artistiques grises. Entre chiens et loups, en cette fin d'après midi pluvieuse de novembre, une évidence me saute aux yeux. Celui qui a tout compris est  le propriétaire des lieux... 


mardi 6 novembre 2018

EXTRAIT


              "Tout ce qui a été crée est l'adaptation 

           de cet élément unique  ..."  La Table d'Emeraude