jeudi 20 septembre 2018

LA POLICE DE VICHY


Vichy:  réputée pour son eau, ses parcs, ses palaces, son tissu, ses pastilles... l'est un peu moins pour sa police. J'ignorai que celle ci jusqu'alors municipale était devenue nationale grâce au Maréchal. Conçue selon trois axes : PJ-RG-sécurité publique, qui perdurent aujourd'hui elle devient le bras armé de la collaboration et mène un jeu trouble avec l'occupant nazi. Ses caciques:  Laval, Bousquet, Papon, Touvier, Darnand, Pucheu, Marquet, Peyrouton... signent ses méfaits: Vel d'Hiv, Chateaubriand, Rivesaltes, martyr des enfants juifs, combat contre le maquis, purge du vieux port de Marseille, torture, jusqu'à la mue finale en milice fascisante. Impliquée dans les rafles (une poignée sauvera l'honneur du groupe), les fichages, les dénonciations et déportations de juifs, communistes, francs-maçons, résistants ou réfractaires au STO, ce corps voué à l'ordre arrivera in-extrémis à faire oublier son implication dans les basses besognes en participant de manière active à la libération de Paris. Un documentaire très réussi de David Korm-Broza * et Laurent Joly nous fait remonter le temps et entrer dans la psyché des grands commis de l'Etat Français. La voix de Dassary grésille dans le gramophone : "Maréchal - nous voilà, Tu nous a redonné l'espérance..." 
La musique aboie les salauds passent... ou restent. C'est selon !

*  Revoir:  Les Jeunesses Hitlériennes.



mardi 11 septembre 2018

L'ETOILE BRILLANTE DU MATIN

     

"L'humanité est païenne. Jamais aucune religion ne l'a pénétrée. Le pouvoir de croire à la survie de l'âme n'est même pas dans l'âme de l'homme ordinaire. L'homme est un animal qui s'éveille sans savoir ni où ni pourquoi.

Quand il adore les Dieux, il les adore comme des fétiches. Sa religion est une sorcellerie. Il en a toujours été ainsi, il en est ainsi, et il en sera toujours ainsi. Les religions ce n'est que ce qui déborde des mystères pour devenir profane et n'est point compris par le profane car, par nature, il ne peut l'être...."


                                                 PESSOA,  L'Heure du Diable, Conte

dimanche 9 septembre 2018

FERNANDO PESSOA




Quelle étrange personnalité et quelle étrange vie que celles de l'écrivain portugais Fernando Pessoa. Arrivé de Durban à 17 ans puis arrimé à Lisbonne dans un exil intérieur durant 30 ans il trimballe son chapeau, sa fine moustache et son visage aquilin  d'un bout à l'autre de la rue des Douradores où il travaille et où il réside... Alternant avec un emploi terne de scribouillard il construit une oeuvre singulière de critique, polémiste, poète, auteur de fictions et de théâtre,  ésotéricien (apologie de la franc-maçonnerie)... empile les manuscrits dans une malle et meurt alcoolique en 1935, méconnu du public - ayant très peu publié. Homme mélancolique aux multiples plumes et signatures: Pessoa, Soarès, Reis, Caiero... qui lui permettent d'avoir des pensées contradictoires, cet intranquille qui revendiquait "n'être personne"  aura réussi le tour de force,  dans cette longue marche vers lui-même et la connaissance, dans un rejet  de stagnation intellectuelle de sa personne et sa culture "d'être grand sans n'être rien." Etrange... Ce silence et cette immobilité revendiqués couvrent de ridicule nos tintamarres et gesticulations forcenées.