dimanche 4 juin 2017

ARTHUR CRAVAN




Il y a les boxeurs qui boxent - assez nombreux, et il y a les boxeurs qui écrivent, beaucoup plus rares. Arthur Cravan, deux mètres-cent kilos, est de ceux là - poète, aventurier, danseur, conférencier, provocateur, anarchiste... Le jeune noble anglais, apparenté à Oscar Wilde électrise le tout Paris dans les années 1900 par ses frasques. Il fascine Breton, Picabia, Duchamp, énerve Gide, fréquente la Closerie des Lilas, défie le champion du monde de l'époque qui le met K.O en 43 minutes (premier happening sportif de l'histoire!) publie 5 numéros de la revue "Maintenant" qui annonce le mouvement Dada, fuit la guerre déguisé en soldat, s'enflamme pour la poétesse Mina Loy et disparait au Mexique en 1918  dans des circonstances mystérieuses. Il y a des boxeurs qui boxent bien et que l'on oublie. Il y a ceux qui boxent mal  que l'on n'oublie pas... Cravan s'y emploie, fait l'éloge des homosexuels, des voleurs du Louvre, des fous, préfère les gens de sport aux artistes, distribue des directs fulgurants au foie - Les abrutis ne voient le beau que dans les belles choses" ou des uppercuts  à la pointe du menton - "Dans la rue, on ne verra bientôt plus que des artistes et l'on aura toutes les peines du monde à y découvrir un homme". La vie est un ring, le ring un cadre  et l'art un combat.