mardi 31 mai 2016

CAPITAINE CONAN

Nous sommes loin de Verdun, de Douaumont, de la Voie Sacrée et du déluge de bombes   - Action ! 1918. Les Balkans dans les derniers mois de la guerre. Le capitaine Conan et son unité "d'apaches" s'infiltre comme un fauve entre les lignes ennemies pour faire des prisonniers, arrose, "grenade" à gogo, surine le bulgare. C'est d'une grande sauvagerie. Le film de B. Tavernier (1996) inspiré du roman de R. Vercel (Goncourt 1934) nous plonge dans l'univers des corps- francs, unités sans existence officielle, spécialisées dans les coups de mains, bénéficiant d'une certaine autonomie et de quelques privilèges. Philippe Torreton " habite" véritablement le personnage, guerrier qui méprise l'autorité et l'état major des planqués. La guerre lui fournit son armure de héros, la  légitimité et l'intensité dont sa morne existence profane le prive. Revenu à la vie civile, celui qui pense avoir gagné la guerre avec ces 3000 guerriers (souvent repris de justice) alors que les autres soldats ne l'ont que ... faite, n'est plus qu'une épave avinée en chômage d'émotion, un pantin privé de ses ficelles. C'est un beau film, sur l'absurdité de la guerre, mais aussi la camaraderie, la bêtise, l'injustice, la lâcheté, la violence, le bien, le mal, les ressorts intimes des êtres et sur une guerre des Balkans qui se prolongea bien après l'armistice. A voir et revoir, lire ou relire.