mercredi 6 mars 2013

LE BALTO: 1er épisode -JACKY-

























 «Les médias uniformisent ils la conscience individuelle?»
Il a parlé fort. Un genre d' éternuement. On s'en est tous arrêtés de parler.

- « Qu'est ce qui t'arrive Jacky? » a gueulé Riton.»

- « Euh, rien les gars, ça m'est venu comme ça...un questionnement personnel...»

- « Préviens...merde! On a cru que t'étais mûr pour Sainte-Anne »

A grommelé Riton en terminant son quinté plus. Le brouhaha était revenu dans le bar: un gros mélange de rires, de cliquetis de verres, et de bruits de flippers . La télé gueulait à fond. Personne ne regardait. C'était Shakira avec des fumigènes, tellement de fumigènes qu'ils montaient jusqu'au au plafond du Balto... Moi, j'ai pris mon temps pour parler parce que je sentais que le moment était d'importance. Il fallait du doigté... 



- « ça dépend! »

- « ça dépend de quoi? » A fait Roger.

- « ça dépend de l'angle de vue, d' où tu te places,  quoi! » J'ai précisé.

- « Explicite! » A fait Kamel. Kamel, il m'énerve toujours quand il prend ses grands airs et qu'il parle pointu.

- « Bon, pour Kamel je vais ex-pli-ci-ter »

J'ai demandé à Riton de remettre une tournée , puis j'ai enchainé.

- « Tu prends un individu, normal, dans notre genre. Pas sorti des grandes écoles, mais pas non plus le QI d'un canari. On lit, on écoute des choses qui nous ressemblent. Parfois des émissions à la con, parfois des reportages. On lit -Paris Turf - L'Equipe - TV loisirs- parce que c'est gratuit à la caisse. On s'intéresse au foot, aux boules, au tiercé mais on est pas des accros de la pleïade »

- « De la quoi.» A fait Roger. J'ai pas relevé, parce que s'il faut tout expliquer à Roger on y passe des heures.

- « Sans compter que, si tu rencontres un intello - bon, je te l'accorde- ça n'arrive pas souvent...Tu l'écoutes, tu fais semblant de t'intéresser, et puis tu le fuis comme la guigne, et tu retournes au grand galop voir ta bourgeoise et sa collection Harlequin »

-« Ben, c'est normal.» A fait Dédé en bout de table. « C'est normal... c'est la liberté.»