mercredi 6 février 2013

NICOLAS FLAMEL


Personnage controversé que ce Nicolas Flamel - prototype de l'alchimiste français génial pour les uns, enrichi par la découverte de la pierre philosophale - bigot et bourgeois austère pour les autres, ayant fait sa fortune sur le dos des juifs spoliés et chassés de Paris par Charles VI… Durant cette période la peste est plus noire que jamais, les archers font pleuvoir des flèches à Crécy, les chevaliers s'embourbent et meurent dans leurs armures à Azincourt. Jeanne d'Arc arrive: c'est la guerre de cent ans !

 
Né près de Pontoise aux environs de 1330, il pratique le métier d'écrivain public lucratif avant l'apparition de l'imprimerie, puis de libraire juré et s'installe à Paris à proximité de l'église Saint-Jacques- la Boucherie. Il épouse Dame Pernelle veuve fortunée qui partage sa vie et ses travaux. Avec sa fortune relative et controversée, il réalise des oeuvres caritatives. L'une d'elles, arcade décorée du cimetière des innocents, charnier parisien, mêle symboles religieux et alchimiques. Il meurt en 1418 à Paris.

Des ouvrages lui sont attribués qu'il n'a vraisemblablement pas écrits, dont le célèbre Livre des figures hiéroglyphiques publié en 1612, qui connait un immense succès. Le mythe est en marche, récupéré plus tard par les romantiques, Nerval, Dumas, Hugo, puis les surréalistes Breton et Desnos, avant d'être réduit en poudre dans l'oeuvre au noir de Yourcenar ou le Da Vinci Code.
Il laisse un testament, un poème, quelques maisons, une rue à son nom, une autre au nom de sa compagne, une pierre tombale au musée de Cluny et beaucoup d'interrogations.

De fait, cette alchimie fonctionne ! A six siècles de distance, notre homme -sulfureux- combiné au sel du mystère brule encore dans le grand athanor, en compagnie de sa contraire -argentique- Emmêlés, transmutés, tous trois réalisent le grand œuvre, ou l'imparfait et le vil se transforment en or incandescent. Après le noir, le blanc, puis le rouge, s'écoule du creuset une certaine gloire qui prolonge quelque temps -nous prenant à témoin- leurs vies calcinées.